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                             Cet Algérien-là

Et dire qu'ils veulent le changement. Faire la révolution bien planqués derrière leur micro, à tapoter frénétiquement sur le clavier en imaginant tirer à la kalachnikov. Ils ne sont même pas capables de ramasser deux millions de signatures pour une pétition qui dénonce l'augmentation des prix du carburant dans un pays où circule un milliard de pneus. Un simple clic pour dire non à l'essorage du simple citoyen, au siphonage de son salaire, mais non ! L'Algérien a d'autres priorités, il ne veut pas se bouger en amont pour mieux gueuler après le passage du loup. Il se complaît dans sa misère, regardant les députés s'engraisser et voter des lois qui le violeront. Il aime s'entendre parler, vociférer, vouer aux gémonies peuple et houkouma, mais il est cliniquement mort lorsqu'il s'agit de militer pour le changement. Parfait spectateur du quotidien, il compte sur Dieu et ce qui lui reste dans les poches. Il déteste la politique et trouve qu'elle ne sert à rien, mais passe sa journée à commenter l'Algérie et à maudire Israël. Il est pris de fierté quand il voit les cadavres des résistants palestiniens recouverts du drapeau national et s'imagine déjà libérer Al-Qods. En pensée seulement, il sait pertinemment qu'il est incapable même de s'opposer aux parkingueurs du coin. Alors, il divague. Il vit dans une Algérie qui a disparu avec les moudjahidines, du temps où le patriotisme ne se mesurait pas à l'aune des affaires et de la famille. Du temps où le pays vivait encore des valeurs de Novembre et croyait qu'un collaborateur, qui a vendu sa patrie, n'a rien à faire parmi nous. Un temps révolu assassiné dans le dos et remplacé par un nationalisme douteux aux relents de corruption. L'Algérien ne signera jamais une pétition mais continuera à user sa langue sur un trottoir défoncé. Il n'adhérera à aucun programme politique mais finira par payer toutes les augmentations votées par des mains inutiles. Il s'enferme dans un égoïsme infantile et s'offusque lorsqu'on lui refuse la priorité. Son passé le rattrape alors que son avenir s'éloigne, là-bas derrière les cimetières de l'indépendance. Il a beau courir, slalomer, accélérer, mais sa voiture tombera en panne parce qu'il n'a pas fait le plein à cause des prix à la pompe. Il regrettera alors de ne pas l'avoir signée cette satanée pétition mais même si cent millions d'Algériens la signent, à la fin, que ça ne changera pas grand-chose. Alors garez vos voitures en pleine rue dès que vous êtes à sec et marchez. Réapprenez à marcher dans une Algérie debout à l'horizontale

Tag(s) : #CHRONIQUE
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