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Suicide collectif par Moncef Wafi  «La baleine bleue», ce n'est pas le titre d'un dessin animé pour enfants sages. Ce n'est pas non plus la couverture d'un livre pour adolescents boutonneux, genre le Club des cinq, «La baleine bleue» c'est le site qui tue, celui qui est né en Russie et à qui on prête quelque 150 suicides là-bas. Chez nous, on en est à la cinquième victime, cinq ado qui ont relevé le défi de ce jeu morbide, allant jusqu'au bout des épreuves. L'ultime : celle de se suicider. Le jeu te met au défi, tu te suicides ou tu t'écrases et comme t'es ado comme tous les ados du monde, tu joues ton crâneur et tu le relèves le défi de trop. L'addition, c'est tes parents qui la payent après mais toi t'es mort ou assez c
pour t'en apercevoir. A qui en vouloir? A personne et en même temps à tout le monde sauf à la victime elle-même. Les parents, parce qu'ils sont trop occupés à faire autre chose que de contrôler leurs gosses. Ils sont dispersés ailleurs, à bosser comme des dingues pour assurer la pitance, avec les prix des produits de première nécessité. L'école, parce qu'elle fait tout, sauf dispenser le bon réflexe. Les élèves, croulant sous des tonnes de matières, aussi inutiles qu'abrutissantes, se réfugient, en fin de compte, dans le premier site chelou que les autres se partagent. On passe le temps comme on peut et on pense que c'est gratuit, enfin jusqu'à la note finale. L'Etat, le gouvernement, la tutelle, on l'appelle comme on veut parce qu'il est le premier garant de la sécurité des Algériens. En théorie, selon la Constitution en vogue. Pourtant, avec l'un des débits les plus faibles au monde ; excusez du peu ; avec un maillage de la Toile digne de la plus pernicieuse des araignées et les menaces de la ministre de l'Internet de verrouiller l'accès à tous les sites à petite moralité, on est incapable de bloquer ce jeu en amont. Cependant, et au-delà du constat, on est amené à s'interroger sur la proportion du suicide, dans une société musulmane, selon le concept officiel décrété par le ministère des Affaires religieuses. Est-on un pays musulman ? Sommes-nous de bons musulmans ? Quoiqu'il n'existe pas de notion de bons ou de mauvais musulmans, on est soit musulman soit on passe à autre chose. Sur le papier, la religion officielle de l'Algérie est l'Islam. Ailleurs, la question reste à discuter. Les statistiques nationales sur le suicide et les tentatives de suicide sont affligeantes et la simple lecture des chiffres donne à réfléchir sur le phénomène et les garde-fous qui ont fiché le camp avec les milliers de harraga' qui prennent la mer pour un ultime et sincère acte de suicide national. |
CHRONIQUE